mardi 24 mars 2015

Montmartre sur Seine

De nombreux films ont été tournés à Montmartre.
Ce film de Georges Lacombe, tourné en 1941, avec Edith Piaf toute jeune dans le rôle principal et Jean-Louis Barrault, a Montmartre pour sujet principal.
 

Au marché de la butte

L'épicerie fine Chez Ali nous rappelle un décor de film : la maison Collignon dans Le fabuleux destin d'Amélie Poulain.  Lucien (joué par Djamel Debbouze) est la cible des méchancetés de l'affreux épicier Collignon.

Juan, Pablo et les autres

Située sur la charmante place Emile Goudeau, cette bâtisse en bois sans doute dénommée ainsi par dérision, ouvrait au rez-de-chaussée sur la place et débouchait trois étages plus bas dans la rue Garreau. 
Ce refuge mal chauffé, aux ateliers improvisés dans ce qui fut un temps une fabrique de pianos, fût à l’évidence le creuset de l’Art Moderne au début du 20ème siècle. Il fut surnommé plus tard par Max Jacob : le « laboratoire central de la peinture ». 
La « bande d’énergumènes » qui occupait cet ensemble d’ateliers, était souvent d’origine étrangère. Agés d’une vingtaine d’années, sans le sou, les occupants allaient pourtant mettre à mal les standards de la peinture classique, déjà malmenée par les impressionnistes quelques années auparavant. Parmi ces écrivains et artistes figuraient Apollinaire, Max Jacob, Mac Orlan, Modigliani, Van Dongen, Juan Gris… A son arrivée au Bateau Lavoir, Pablo Picasso révolutionna la peinture avec son célèbre tableau cubiste, peint en 1907: Les Demoiselles d’Avignon. 


   
Malgré la misère du lieu, glacial en hiver et torride en été, Picasso écrivit : « Je sais que l’on reviendra au Bateau-Lavoir. C’est là que nous avons été vraiment heureux, nous étions considérés comme des peintres et non comme des bêtes curieuses. » 
Source : http://www.montmartre-guide.com/histoires_montmartre/bateau-lavoir/

Pleurer comme une fontaine... Wallace

Les fontaines Wallace sont des points d'eau potable publics installées à Paris à la fin du XIXe siècle. Le modèle s'inspire de la fontaine des Innocents (près des Halles).
 Elles sont en fonte, ornées de quatre cariatides se tournant le dos et portant un dôme surmonté d'une pointe et décoré de dauphins.
Elles sont été conçues par un philanthrope anglais Sir Richard Wallace pour permettre aux pauvres de se désaltérer sans succomber à la tentation des marchands de vin. Le prix de l'eau avait en effet beaucoup augmenté suite au siège de Paris en 1870 et à la destruction d'aqueducs alimentant la capitale en eau.



Clin d'oeil à ces fontaines dans Le fabuleux destin d'Amélie Poulain, où Madeleine Wallace raconte ses déboires amoureux et pleure comme une madeleine... ou comme une fontaine Wallace !


Amélie Poulain - Mme Wallace 2/3 par JackMcPhee000

Paroles, paroles

Yolande Gigliotti est née en 1933 dans un faubourg du Caire en Egypte. Elle arrive à Paris en 1956 et commence une carrière musicale qui la rend très célèbre en France : tout le monde a chanté ou dansé sur un air de Dalida ! 
Elle vécut au 11 bis, rue d'Orchampt, à Montmartre où elle se suicida en 1987.

Le plus petit trottoir de Paris

Dans le film de Cédric Klapish, "L'auberge espagnole", Xavier (joué par Romain Duris) dit à Martine (interprétée par Audrey Tautou) dit au moment où ils se quittent :
"J'ai repensé à notre baiser je me souviens, c'était dans la rue d'Orchampt. Je ne sais pas pourquoi on avait choisi la rue de Paris qui a le plus petit trottoir de Paris..."

Les moulins de la butte

Au XVIIIe siècle, Montmartre était une colline couverte de moulins à vent au milieu des vignes.
Les deux seuls moulins encore visibles sont les moulins Radet et Blute-Fin. Le moulin Blute-Fin (du verbe "bluter" qui veut dire tamiser la farine pour la séparer du son") est transformé en guinguette avec un bal en 1870 et devient le "moulin de la Galette" en 1885.
Plusieurs grands peintres l'ont représenté dans leur oeuvre :
Vincent Van Gogh

Toulouse-Lautrec

 Maurice Utrillo
 Pablo Picasso

Et le plus connu, Auguste Renoir
 

Le moulin a aussi été chanté ...

Marcel Aymé et le passe-muraille



« Il y avait à Montmartre, au troisième étage du 75bis de la rue d'Orchampt, un excellent homme nommé Dutilleul qui possédait le don singulier de passer à travers les murs sans en être incommodé. Il portait un binocle, une petite barbiche noire et il était employé de troisième classe au ministère de l'Enregistrement. En hiver, il se rendait à son bureau par l'autobus, et, à la belle saison, il faisait le trajet à pied, sous son chapeau melon.
Dutilleul venait d'entrer dans sa quarante-troisième année lorsqu'il eut la révélation de son pouvoir »
C'est ainsi que commence la nouvelle de Marcel Aymé, Le passe-muraille.
Son héros a le pouvoir de traverser les murs et il va commettre des délits sous le nom de Garou-Garou. Une sculpture de Jean Marais sur la place Marcel Aymé évoque cette nouvelle qui se déroule dans le quartier.
Le texte a plusieurs fois servi de scénarios pour des films, comme ce téléfilm de Pierre Tchernia de 1977 avec Michel Serrault dans le rôle de Dutilleul.
 

Edith et Marcel

Au n°1 de l'avenue Junot se trouve le Ciné-théâtre 13 dont le propriétaire est le réalisateur Claude Lelouch. C'est un ancien théâtre construit dans les années 1970 dans lequel le cinéaste a tourné Edith et Marcel (La chanteuse Edith Piaf et le boxeur Marcel Cerdan) en décorant la salle dans le style 1940.

L'assassin habite au 21

Jusqu'au début du XXe siècle,  le quartier actuellement traversée par l'avenue Junot s’appelait "Maquis de Montmartre". A mi-chemin entre le village et le bidonville, le Maquis accueillait des chiffonniers, des ferrailleurs, des clochards et des gens qui vivaient dans la bohème.
En 1912, l'avenue Junot est percée et devient un lieu de villas très bourgeoises comme celle qu'occupait le dessinateur Francisque Poulbot (au n°13) connus pour ses illustrations représentant des titis parisiens appelés "poulbot" du nom de leur auteur.
Au n°15, l'architecte autrichien Adolf Loos a construit une maison pour le fondateur du mouvement Dada, Tristan Tzara.
Et on passe du numéro 15 au numéro 23 ! Le numéro 21 n'existe pas, et pourtant le réalisateur Henri-Georges Clouzot nous dit dans le film qu'il réalise en 1942 que l'assassin habite au 21 à la pension des Mimosas, qui n'a jamais existé.

Au rendez-vous des voleurs

Le cabaret ouvert en 1860 s'appelle alors le Rendez-vous des Voleurs. Il devient quelques années plus tard le Cabaret des Assassins car des gravures représentant des meurtriers sont accrochées au mur.
Le propriétaire demande alors à André Gill, un caricaturiste du quartier, de lui peindre une enseigne.
Le "lapin à Gill' devient le "lapin agile".
C'est une sorte d'autoportrait du peintre, puisqu'il avait participé à la Commune et avait réussi à échapper à la répression.

En 1886, le cabaret devient un café-restaurant-concert ("caf'conc') que fréquente le chansonnier Aristide Bruant, le peintre Henri Toulouse-Lautrec et l'écrivain (qui habite au 5 rue d'Orchampt) Georges Courteline.

Au début du XXe siècle, c'est le lieu incontournable de la bohème artistique à Montmartre : Max Jacob, Guillaume Apollinaire, Pablo Picasso...

Du Chevalier de la Barre aux canons de la Commune

La rue du Chevalier de la Barre longe le Sacré-Coeur... un exemple encore du combat sur les symboles entre l'Eglise et la mairie socialiste de Montmartre à la fin du XIXe siècle. 
Le chevalier de la Barre était un jeune noble de 19 ans qui au milieu du XVIIIe siècle a été accusé d'avoir profané des lieux de culte catholiques. Il a été torturé (on lui a arraché la langue car il avait chanté des chansons qui se moquaient de la religion), puis décapité et brûlé pour blasphème et sacrilège. 
Il devient un symbole de l'arbitraire de la justice et de l'intolérance religieuse dénoncés par les Philosophes des Lumières. Voltaire prit sa défense et fait le récit de son martyre dans son dictionnaire philosophique, dans l'article "Torture"
" Lorsque le chevalier de La Barre, petit-fils d'un lieutenant général des armées, jeune homme de beaucoup d'esprit et d'une grande espérance, mais ayant toute l'étourderie d'une jeunesse effrénée, fut convaincu d'avoir chanté des chansons impies, et même d'avoir passé devant une procession de capucins sans avoir ôté son chapeau, les juges d'Abbeville, gens comparables aux sénateurs romains, ordonnèrent, non seulement qu'on lui arrachât la langue, qu'on lui coupât la main, et qu'on brûlât son corps à petit feu ; mais ils l'appliquèrent encore à la torture pour savoir combien de chansons il avait chantées, et combien de processions il avait vues passer, le chapeau sur la tête. »
Dominique Dattola raconte cette histoire dans un documentaire, Les trois vies du chevalier
Quant au Sacré-Coeur, il fut construit sur le terrain où commença le 18 mars 1871 l'émeute qui donne naissance à la Commune. Le gouvernement Thiers, nommé par l'Assemblée nationale à majorité monarchiste élue le mois précédent et qui est installée à Versailles (d'où l'expression les "Versaillais" pour désigner les adversaires des "Communards") essaie de s'emparer des canons de Montmartre achetés par les habitants pour se protéger des Prussiens. 

La France vient de perdre la guerre contre la Prusse, l'armistice est signé en janvier 1871 le jour même où est proclamé l'empire allemand. Paris a été assiégé pendant 4 mois et pourtant les républicains parisiens refusent la capitulation. L'armée qui essaie de récupérer les canons est mise en déroute par les Montmartois.
L'insurrection se répand dans Paris et une guerre civile commence : les troupes versaillaises assiègent Paris. La Commune qui se forme alors avec les Parisiens insurgés prend des mesures révolutionnaires : droit du travail, droit des femmes, abolition de la peine de mort, séparation de l'église et de l'Etat..
Lorsque les Versaillais reprennent Paris, une terrible répression s'abat sur les Communards : ils sont exécutés par milliers. C'est la Semaine Sanglante (21-28 mai 1871)
D'autres sont déportés, comme Louise Michel, un des dirigeantes de la Commune qui passe 9 ans en Nouvelle-Calédonie avant d'être amnistiée en 1880.

 


Le Sacré Coeur, un symbole anti-révolutionnaire

Le Sacré-Coeur est une église construite sur le point culminant de Paris. 
Sa construction a été décidée pour "faire pénitence" de tous les péchés qui selon l'Eglise expliquaient "les malheurs" de la France dans les années 1870-1871 (la défaite, l'occupation, la guerre civile).
Cette église imposante a été construite en plein coeur de Montmartre, principal théâtre de la Commune : un territoire où les Républicains étaient majoritaires dans un pays où les monarchistes l'emportent aux élections législatives de février 1871. Cette construction a donc été vécue comme une humiliation par les anciens Communards.

Aujourd'hui, cette église est inlassablement photographié par les touristes. Elle est toujours blanche car elle a été construite avec une pierre calcaire, le calcin, qui blanchit quand il pleut.
Les escaliers qui descendent du Sacré-Coeur jusqu'au pied de la colline font aussi un décor de cinéma idéal. Une des scènes les plus importantes du Fabuleux destin d'Amélie Poulain s'y déroule.

samedi 21 mars 2015

Jean-Baptiste Clément et le temps des cerises

Jean-Baptiste Clément  était un chanteur et un poète. Il a habité à plusieurs adresses de la butte (53, rue Lepic, 110 rue Lepic, cité du Midi). 
Il fut élu au comité central de la Commune par le XVIIIe arrondissement. Il se battit jusqu'au bout en 1971 sur une barricade. Il réussit à se cacher. Condamné à mort par coutumace (c'est-à-dire en son absence), il fut amnistié en 1976 et revint à Paris.




Il a composé en 1867 une très belle mélodie, "le temps des cerises", chantée ici par un Yves Montand :



Sur la place qui porte le nom de Jean-Baptiste Clément, un cerisier a été planté en souvenir du compositeur.

Studio 28 : l'âge d'or de Luis Buñuel

Le studio 28 est le plus ancien cinéma de Paris encore en activité. Il a été créé en 1928.
Cinéma d'avant-garde, la salle projette en 1930 L'âge d'or du cinéaste espagnol Luis Buñuel
Les militants d'extrême-droite crient au scandale et bombardent l'écran d'encre et d’œufs pourris. Ils détruisent également les tableaux de Max Ernst et Salvador Dali.
Après deux projections, le film est interdit et le restera jusqu'en....1981.


L'AGE D'OR (1930) - Dali + Bunuel par