mardi 24 mars 2015

Du Chevalier de la Barre aux canons de la Commune

La rue du Chevalier de la Barre longe le Sacré-Coeur... un exemple encore du combat sur les symboles entre l'Eglise et la mairie socialiste de Montmartre à la fin du XIXe siècle. 
Le chevalier de la Barre était un jeune noble de 19 ans qui au milieu du XVIIIe siècle a été accusé d'avoir profané des lieux de culte catholiques. Il a été torturé (on lui a arraché la langue car il avait chanté des chansons qui se moquaient de la religion), puis décapité et brûlé pour blasphème et sacrilège. 
Il devient un symbole de l'arbitraire de la justice et de l'intolérance religieuse dénoncés par les Philosophes des Lumières. Voltaire prit sa défense et fait le récit de son martyre dans son dictionnaire philosophique, dans l'article "Torture"
" Lorsque le chevalier de La Barre, petit-fils d'un lieutenant général des armées, jeune homme de beaucoup d'esprit et d'une grande espérance, mais ayant toute l'étourderie d'une jeunesse effrénée, fut convaincu d'avoir chanté des chansons impies, et même d'avoir passé devant une procession de capucins sans avoir ôté son chapeau, les juges d'Abbeville, gens comparables aux sénateurs romains, ordonnèrent, non seulement qu'on lui arrachât la langue, qu'on lui coupât la main, et qu'on brûlât son corps à petit feu ; mais ils l'appliquèrent encore à la torture pour savoir combien de chansons il avait chantées, et combien de processions il avait vues passer, le chapeau sur la tête. »
Dominique Dattola raconte cette histoire dans un documentaire, Les trois vies du chevalier
Quant au Sacré-Coeur, il fut construit sur le terrain où commença le 18 mars 1871 l'émeute qui donne naissance à la Commune. Le gouvernement Thiers, nommé par l'Assemblée nationale à majorité monarchiste élue le mois précédent et qui est installée à Versailles (d'où l'expression les "Versaillais" pour désigner les adversaires des "Communards") essaie de s'emparer des canons de Montmartre achetés par les habitants pour se protéger des Prussiens. 

La France vient de perdre la guerre contre la Prusse, l'armistice est signé en janvier 1871 le jour même où est proclamé l'empire allemand. Paris a été assiégé pendant 4 mois et pourtant les républicains parisiens refusent la capitulation. L'armée qui essaie de récupérer les canons est mise en déroute par les Montmartois.
L'insurrection se répand dans Paris et une guerre civile commence : les troupes versaillaises assiègent Paris. La Commune qui se forme alors avec les Parisiens insurgés prend des mesures révolutionnaires : droit du travail, droit des femmes, abolition de la peine de mort, séparation de l'église et de l'Etat..
Lorsque les Versaillais reprennent Paris, une terrible répression s'abat sur les Communards : ils sont exécutés par milliers. C'est la Semaine Sanglante (21-28 mai 1871)
D'autres sont déportés, comme Louise Michel, un des dirigeantes de la Commune qui passe 9 ans en Nouvelle-Calédonie avant d'être amnistiée en 1880.

 


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